Dans le cadre de notre mission de gestion des risques d’inondation, le Syndicat Mixte des Bassins Hydrauliques de l’Isère (SYMBHI) s’est mobilisé face aux crues et à l’épisode météorologique qui a touché l’Isère les 20 et 21 juin dernier.
Dès jeudi 20 juin et la dégradation de la situation météo, nos équipes se sont pleinement engagées sur des tournées de surveillance sur l’ensemble du territoire. Nos agents ont vérifié l’état des digues, des ouvrages hydrauliques, et se sont consacrés à certaines zones spécifiques, comme certains torrents au débit élevé, notamment en Oisans.
Dès vendredi 20 juin et ce jusqu’à ce dimanche, des astreintes en coordination H24 ont été mises en place pour établir une vigilance accrue. Le dispositif, durant cette période, comprenait les 2 directeurs, 3 coordinateurs, 1 assistant, 4 spécialistes des affluents, et 8 agents chargés du contrôle des digues, soit 18 personnes mobilisées.
Toutes nos actions ont été réalisées en étroite coordination avec la Préfecture de l’Isère, le Département, les communautés de communes, les communes concernées, le RTM (le service spécialisé de l’ONF en charge des terrains de montagne) …
Retour sur l’épisode de crue
Tous les grands systèmes d’endiguement (Isère Amont, Isère Aval, Drac, Romanche), ont été sollicité et ont rempli leur rôle normalement.
La station de pompage de Cheminade à Murianette sur Isère Amont a été mise en fonction avec succès vendredi après-midi. Destinée à évacuer l’eau accumulée dans la chantourne (fossé agricole drainant la plaine), elle a permis d’empêcher la remontée de l’Isère et protéger la plaine de Murianette. On estime cette crue à une crue quinquennale avec un débit de pointe atteint à Grenoble Bastille de 718 m3/s dans la nuit du 21 au 22 juin.
Deux plages de dépôts ont été engravés sur les torrents du Saint Eynard. (Grésivaudan), versant Chartreuse. Elles ont permis de retenir les matériaux en amont et prévenir les obstructions sur les ouvrages en aval. L’entreprise titulaires des marchés de travaux d’urgence du SYMBHI sur le secteur est déjà en train de procéder au curage des deux plages.
En Romanche à Bourg d’Oisans, un pic de crue de 264 m3/s, équivalent à une crue vingtennale, a été enregistré, surpassant les crues de l’automne 2023. Les digues ont été surveillées par le SYMBHI sans signe de défaillance, seuls quelques petits affouillements ont été constatés, sans impact significatif sur l’intégrité des infrastructures. Les travaux de renforcement contre l’érosion réalisés cet hiver ont certainement joué leur rôle. On estime la crue à un retour 15 ans entre la confluence Romanche/Vénéon et la confluence triple des affluents (Lignarre/Rive/Sarenne), ce qui porterait à une crue de retour 30 ans entre la confluence triple et la confluence avec l’Eau d’Olle.
À Vizille, un premier pic de crue de 360 m3/s a été atteint le vendredi 20 juin en fin de matinée soit une crue d’ordre vingtennale. Les inspections sur le terrain n’ont signalé à ce jour aucun problème majeur, signe que les investissements de 26 millions d’euros engagés entre 2011 et 2015 par le SYMBHI pour protéger les zones urbaines jusqu’à une crue centennale ont porté leur fruit. A valeur de comparaison une crue trentennale est de l’ordre d’un débit de 400 m 3/s et décennale de 310 m3/s à Vizille.
Zoom sur la crue du Vénéon
En octobre 2023, une crue du Vénéon s’est déjà produite ; le débit de pointe de crue alors mesuré à la station des Étages à la Bérarde, correspondait à une crue décennale (Q10) soit entre 50 et 70 m3/s. Bien que nous n’ayons pas encore l’ensemble des données chiffrées, il semble déjà que la crue du 20 et 21 juin 2024 soit d’une ampleur supérieure.
1- Bourg d’Arud
À la suite des crues d’octobre 2023, des travaux d’urgence avaient été réalisés à Bourg d’Arud, situé dans la commune de Vénosc.
Sur la rive gauche, sur la partie aval du parking, des mesures de protection ont été mis en place avec succès pour prévenir les dégâts, notamment près du transformateur et d’une maison : ces travaux d’enrochements ont tenu face à la crue du 21 juin.
Sur la rive droite, bien que des travaux de protection sommaire aient été entrepris également à l’automne, un chantier était en cours pour renforcer cette protection de manière plus durable, avec une prévision de réalisation pour juin-début juillet 2024.
Malgré ces précautions, lors de la crue du Vénéon le jeudi après-midi du 20 juin, le chantier a commencé à être menacé. Une brèche dans le batardeau (ouvrage provisoire dans le lit du torrent pour permettre les travaux) a nécessité une sécurisation urgente pour éviter des dommages supplémentaires. Malheureusement, face à la force de la crue, le batardeau a été submergé et le chantier inondé vendredi midi. Des matériaux en tout-venant ont été disposés pour tenter de protéger la piscine, mais la puissance du Vénéon a fini par submerger l’ensemble malgré les efforts déployés.
À l’heure actuelle, le chantier est recouvert de 1 mètre de matériaux charriés par le Vénéon et les engins sont à pied d’œuvre pour sécuriser le périmètre des opérations. Les travaux du Département visant à rétablir l’accès à Vénosc, notamment la route RD 530 coupée, devraient permettre la reprise du chantier.
2- Plan du Lac (entre Vénosc et Saint Christophe en Oisans)
À Plan du Lac, situé entre Vénosc et Saint Christophe en Oisans, des travaux avaient débuté en mi-juin 2024, sous mandat de la Communauté de Communes de l’Oisans, notamment dans l’objectif de pouvoir curer le lit sous la passerelle en face du gîte en créant un chenal.
Ce chenal de 350 mètres était en cours de finalisation lorsque la crue s’est produite. Le vénéon a encore déposé beaucoup de matériaux et vraisemblablement comblé le chenal.
La force de la crue a là aussi était telle que l’eau est passée par-dessus la passerelle et l’a emportée. Une brèche s’est par ailleurs produite dans la petite digue rive droite à cet endroit. Le gîte, heureusement évacué par précaution la semaine précédente par arrêté du Maire de Bourg d’Oisans a alors été encerclé par les eaux et légèrement inondé, et des véhicules stationnés à proximité engravés.
À ce jour, une évaluation précise de la situation du lit du Vénéon et de l’état de la digue sera nécessaire avant de pouvoir reprendre les travaux.
En ce qui concerne l’évènement exceptionnel qui a touché la Bérarde, le SYMBHI va rester en étroite collaboration avec les services de l’État et la commune pour participer dans les jours et les semaines à venir au diagnostic précis du phénomène et déterminer les premières actions à entreprendre. Cet évènement présente un caractère exceptionnel. Les analyses sont en cours sur les causes qui paraissent liées à la conjonction de précipitations intenses, fonte d’un manteau neigeux important, et vidange rapide de lacs glaciaires.