Signé en 2015, le contrat de rivières Sud Grésivaudan est arrivé à échéance courant 2021. L’objectif général était d’instaurer et de pérenniser une politique de gestion concertée de l’eau et des milieux aquatiques sur le territoire, alors orphelin de ce type de gestion. Ce programme d’action, réparti sur une période de six ans, a mobilisé de nombreux acteurs et des financements conséquents pour atteindre ses objectifs. Les élus porteurs de cette démarche et leurs partenaires techniques et financiers ont souhaité réaliser un bilan/évaluation de ce contrat, pour en tirer les enseignements, avant de mener une phase de réflexion prospective destinée à identifier les pistes de travail pour un éventuel prochain programme d’action. Le 18 décembre 2024, un comité de pilotage a travaillé sur les principales conclusions, recommandations et perspectives suite à ce contrat, qui seront présentées au prochain comité de rivières.
Contexte et territoire
Le Sud Grésivaudan, situé sur les rives droite et gauche de l’Isère, couvre une superficie de 480 km² comprenant des zones boisées, des prairies, des terres agricoles et un réseau hydrographique articulé autour des affluents de l’Isère. Ce territoire regroupe 41 communes, désormais sous l’égide de Saint-Marcellin Vercors Isère Communauté après la fusion de trois EPCI (Établissements Publics de Coopération Intercommunale). Le SYMBHI y assure l’animation de démarches concertées de l’eau depuis le 1er janvier 2020 suite au transfert de cette compétence (ainsi que la GEMAPI) par la communauté de communes.
Objectifs et actions du Contrat de rivières
Les principaux objectifs du contrat étaient de :
- Améliorer la qualité de l’eau en réduisant les pollutions domestiques, industrielles et agricoles.
- Préserver et restaurer les milieux aquatiques en réhabilitant les cours d’eau dégradés, leur continuité écologique et en définissant une stratégie de gestion des zones humides.
- Gérer durablement les ressources en eau en améliorant la connaissance, en optimisant les prélèvements, et en sensibilisant aux économies d’eau pour les collectivités, le monde professionnel et les particuliers.
- Valoriser, communiquer et sensibiliser autours des enjeux liés à l’eau et aux milieux aquatiques
Bilan et réalisations
Avec l’engagement d’une 20aine de maître d’ouvrages (collectivités, associations, …), le programme comprenait 95 actions pour un montant total prévu de 26,6 millions d’euros. À la fin de la période du contrat :
- 66 % des opérations ont été engagées, représentant 63 actions réalisées.
- Des moyens conséquents ont été mobilisés, avec19 millions d’euros dépensés, soit 71 % du budget initialement prévu.
- Des subventions importantes ont été obtenues (Agence de l’eau, Département de l’Isère, Région Auvergne Rhône Alpes et fonds européens), couvrant 62 % des montants engagés.
L’évaluation du contrat s’est révélée positive au regard de la dynamique engagée et des évolutions favorables constatées du point de vue de la qualité de l’eau et des milieux aquatiques. Quelques actions phares :
- La réhabilitation de plusieurs stations d’épuration (STEP) pour assurer leur conformité et réduire l’impact sur les cours d’eau.
- Des investissements importants dans le diagnostic et la mise aux normes par les propriétaires des installations d’Assainissements Non Collectifs (ANC) avec une baisse du nombre de « points noirs ».
- Le test de différents systèmes de gestion des eaux de lavage des noix par la SENURA et l’équipement des exploitations les plus impactantes via l’animation de la Chambre d’Agriculture de l’Isère.
- L’élaboration et la mise en œuvre d’une programmation en faveur de la reconquête de la qualité sur le captage prioritaire des Chirouzes.
- Des interventions de restauration de végétation de cours d’eau sur la quasi-totalité du linéaire prévu (47 km) et le traitement de plus de 170 massifs d’espèces invasives
- La restauration morphologique de 2,2 km de cours d’eau (Drevenne, Merdarei et Grande Rigole) par le SYMBHI et la restauration de la continuité écologique au niveau de 11 ouvrages favorisant le déplacement des espèces piscicoles.
Travaux de restauration de la Drevenne SYMBHI 2021 – sur les communes de Rovon et Saint-Gervais
- La réalisation par Saint-Marcellin Vercors Isère communauté d’un Schéma Directeur Eau et Assainissement à l’échelle du territoire dans le cadre de la structuration de la compétence, tenant compte des enjeux de partage de la ressource en eau.
- Une réduction des pressions sur les ressources contraintes via notamment des améliorations de rendement de réseaux d’eau potable et une recherche d’optimisation de l’irrigation en vergers de noyers.
L’élaboration d’un Plan de Gestion Stratégique des Zones Humides (PGSZH), feuille de route pour améliorer leur prise en compte dans l’aménagement du territoire, communiquer et sensibiliser sur ces milieux, les préserver et restaurer celles dégradées. Plusieurs altérations restent toutefois à traiter et l’émergence de nouveaux enjeux liés à l’adaptation au changement climatique nécessitent la poursuite de cette dynamique.
- Qualité : des dégradations sont toujours recensées sur certains secteurs, liées à l’assainissement (rejets directs, rejets des stations, assainissement non collectif) et/ou à une origine agricole, souvent via des flux souterrains (présence de nitrates sur les affluents aval en rive droite de l’Isère)
- Altérations des cours d’eau : Des secteurs restent dégradés où des opérations sont identifiées, ainsi que des ouvrages infranchissables nécessitant d’être traités.
- Ressources en eau : Les étiages (périodes de faible débit) sont de plus en plus long et fréquents, et certains bassins sont en déficit quantitatif, nécessitant une réduction des prélèvements.
Recommandations et perspectives
Pour répondre à ces défis, plusieurs recommandations et orientations futures ont été proposées :
- Amélioration de la qualité des eaux : Maintenir et améliorer les dispositifs d’assainissement, favoriser une gestion déconnectée des eaux pluviales, et poursuivre les efforts en matière de pratiques agricoles.
- Gestion quantitative des ressources : Optimiser l’usage de l’eau potable et agricole, et étudier des solutions innovantes pour économiser l’eau.
- Préservation des milieux aquatiques : Poursuivre les efforts de restauration des cours d’eau, gérer la végétation des berges, et lutter contre les espèces envahissantes, mettre en œuvre le Plan de Gestion Stratégique des Zones Humides.
Afin de favoriser l’implication de tous pour la préservation des milieux et le développement d’une sobriété des usages, la programmation devra s’accompagner d’une communication accrue sur les projets menés et le développement d’actions de sensibilisation « grand public ».
Vers un Contrat Eau & Climat
Afin de poursuivre la dynamique, un nouvel outil, le “Contrat Eau & Climat”, est envisagé pour le Sud Grésivaudan. Ce contrat, proposé par l’Agence de l’Eau, vise à aborder de manière globale les enjeux liés à l’eau et au climat, en intégrant également des sujets connexes comme la biodiversité et l’agriculture.