Romanche Séchilienne : des travaux dans la plaine de Vizille

Romanche Séchilienne

Romanche Séchilienne est le nom donné à l’opération d’aménagement de la rivière Romanche réalisée par le SYMBHI entre 2006 et 2016 dans la plaine de Vizille, sur 9 communes, à une quinzaine de kilomètres au Sud Est de Grenoble. Elle a porté sur un linéaire d’environ 12 km de la Romanche, qui présente la particularité dans cette zone de s’écouler au pied de l’effondrement d’un pan de montagne, appelé « les Ruines de Séchilienne ». Cette opération a représenté un investissement d’environ 25.5 millions d’€ HT (au lieu de 28 M d’€ prévus au départ), avec le concours de multiples financeurs : Département de l’Isère, Etat, Région Rhône Alpes, Europe, intercommunalités locales et Agence de l’Eau. L’opération Romanche Séchilienne a permis d’assurer une réponse conjuguée au risque de crue centennale de la Romanche, et au risque naturel majeur de Séchilienne sous l’aspect de ses conséquences hydrauliques. Le tout suivant une démarche intégrée, qui a été la ligne directrice dès l’origine de l’opération, et qui a permis la prise en compte au mieux de l’ensemble des intérêts gravitant autour de la rivière, dont la valorisation environnementale, et le développement des loisirs.

 

Contexte 

  • 20 000 personnes inondées en cas de crue centennale de la Romanche entre les communes de Bourg d’Oisans et Champ-sur-Drac
  • Des ouvrages d’endiguement nombreux mais vieillissants (18 – 19ème siècles)
  • Une situation géographique contrainte avec un torrent s’écoulant dans un fond de vallée étroit et aménagé, sans beaucoup de place pour l’expansion de la crue
  • La présence du risque naturel majeur des Ruines de Séchilienne dans la partie aval du bassin versant, et l’expropriation sous-jacente de l’ensemble des habitants de l’Ile Falcon (hameau de 80 foyers) entre 1997 et 2011
  • Un besoin de sécurisation contre les crues des zones de captage d’eau potable de Jouchy et Pré-Grivel, principale ressource en eau potable de l’agglomération grenobloise
  • Une rivière corsetée entre des digues, avec des milieux appauvris et des connexions biologiques interrompues
  • Des problèmes de gestion des matériaux avec de nombreux bancs volumineux, ou des bras morts qui se comblent et se ferment
  • Des digues fermées par la végétation, n’offrant pas de continuité de cheminement avec un manque d’accès et d’ouverture sur la Romanche

Le bassin versant de la Romanche entre Bourg d’Oisans et Vizille

 

Zoom sur le risque des Ruines de Séchilienne

Le site des Ruines de Séchilienne correspond à l’effondrement du versant Sud du Mont-Sec, situé à l’extrémité sud-ouest du massif de Belledone. Des mouvements de terrain complexes sont présents dans le massif, et on peut observer en surface un important couloir d’éboulements. Le site est suivi sur le plan national depuis les années 80, avec notamment la visite sur le site d’Haroun Tazieff en 1984. Les premiers rapports remis par les experts font état de scénarios catastrophes, avec des volumes d’éboulement pouvant atteindre jusqu’à 100 millions de m3, et des crues « tsunamis » générant des dégâts considérables sur l’agglomération grenobloise.

Puis dans les années 2000, le risque d’éboulement est revu nettement à la baisse, avec une distinction suivant 2 échéances :

  • Un risque de court terme avec un volume de matériaux estimé à 3 millions de m3, formant un barrage de 6 m de haut dans le lit de la Romanche
  • Un risque de long terme, très improbable, avec un volume de matériaux estimé à 3 millions de m3 supplémentaires maximum

Le site étant situé dans le périmètre d’étude de l’opération Romanche Séchilienne, le SYMBHI a décidé, après avoir été sollicité par l’Etat, d’intégrer le risque de court terme dans l’opération. En 2008-2009, le SYMBHI s’est donc attaché à analyser les conséquences hydrauliques générées par l’éboulement dans le lit de la Romanche, et à définir les aménagements permettant de les prendre en compte. Il a utilisé pour cela une maquette à l’échelle 1/60e reproduisant fidèlement le site des Ruines de Séchilienne, qui a permis d’aboutir aux conclusions suivantes :

  • Pas de rupture brutale du barrage mais une érosion progressive
  • Sur-débit provoqué par l’érosion du barrage « seulement » de 50 m3/s

La prise en compte du risque hydraulique lié au Ruines de Séchilienne dans l’opération du SYMBHI se traduit par une simple surélévaiton des digues de quelques dizaines de centimètres. 

objectifs de l’opération

Le projet Romanche Séchilienne tire ses origines dans la nécessité d’apporter une réponse à la problématique de l’inondabilité de la vallée de la basse et moyenne Romanche. Il a été conçu dès 2006 par le SYMBHI dans le cadre d’une démarche intégrée, globale et concertée, avec les objectifs suivants :

  • Protection des zones urbanisées contre le risque de crue centennal, et des conséquences hydrauliques générées par un effondrement des Ruines de Séchilienne,
  • Valorisation environnementale des milieux liés au cours d’eau,
  • Accompagnement paysager du projet, avec développement des loisirs et des accès sur les berges

 

 

Carte générale de l’opération Romanche Séchilienne

 

 

Les grandes étapes du projet Romanche Séchilienne sont les suivantes :

 

Planning de synthèse de l’opération Romanche Séchilienne

 

Les différents types d’aménagements

Hypothèses hydrologiques et aménagements hydrauliques

Le débit de crue pris en compte dans le projet correspond à la crue centennale naturelle de la Romanche (550 m3/s), augmenté du sur-débit généré par un éboulement concomitant des Ruines de Séchilienne dans le lit de la Romanche, et l’érosion du barrage naturel ainsi formé (50 m3/s). Soit un débit total de 600 m3/s, sur lequel sont dimensionnés les ouvrages hydrauliques. Ceux-ci relèvent de 3 catégories :

  • L’augmentation du gabarit hydraulique du lit mineur, passant par l’arasement de bancs importants (à la cote Zmodule + 25 cm), et la démolition d’un seuil associé à l’enlèvement des matériaux déposés à l’amont,
  • La sécurisation générale des digues sur un tronçon déjà largement endigué, avec des travaux de création, de confortement, d’épaississement et de rehausse des ouvrages de protection (à la cote ZQ100 + 1 m de revanche),
  • La réalisation de petits ouvrages de génie civil (clapets, vannes, merlons, …) afin d’éviter le refoulement de la Romanche dans certains de ses affluents et canaux.

 Aménagements environnementaux

La valorisation environnementale des milieux liés au cours d’eau se traduit d’abord par la restauration des connexions biologiques, tant du point de vue de la faune piscicole, avec le réaménagement d’une passe à poissons au niveau du ruisseau de la Touche, que de la faune terrestre (en particulier le castor) avec la création d’ilots végétalisés en pied de berge dans un secteur particulièrement anthropisé de la Romanche, permettant un déplacement à couvert de la faune. Une autre mesure environnementale essentielle du projet consiste à restaurer l’espace de mobilité de la rivière, avec en particulier la recréation d’anciennes annexes hydrauliques dans le secteur de l’ile Falcon, afin de redonner son faciès en tresses à la Romanche, mais aussi la réouverture de bras morts. Enfin, dans les méthodologies de travaux mises en œuvre, le projet accorde une place importante à la prise en compte des espèces végétales et animales protégées (mesures d’évitement et de réduction d’impact), et à la gestion des espèces végétales invasives (avec en particulier le traitement des stations de Renouée du Japon rencontrées).

Aménagements paysagers et de loisirs

Dans le souci d’assurer l’intégration paysagère des aménagements hydrauliques, le projet prévoit la végétalisation des digues et des replantations. Des boutures de saules sont également mises en place dans les pieds de digues enrochés. D’autre part, certaines franges boisées sur les digues ou sur les bancs sont maintenues, à la fois en raison de leur intérêt écologique, mais aussi pour contribuer à la diversification des milieux et à limiter l’aspect artificiel des aménagements réalisés. En matière de loisirs, des pistes modes doux sont prévues en crête de digue, afin d’accueillir les cycles et les piétons. Des haltes vertes et des terrasses sont également aménagées en bordure de la Romanche, en guise d’espace de repos, mais aussi pour redonner des vues et des accès au cours d’eau, et permettre ainsi aux riverains et aux usagers de se réapproprier la Romanche et ses berges. Enfin, dans les gorges de la moyenne Romanche, un sentier pédestre d’environ 9 km est créé. Ce sentier à vocation thématique (mise en valeur de l’histoire hydroélectrique de la vallée) permet également de relier les différents hameaux en longeant la Romanche.

 

Les principaux travaux réalisés :

en 2013

  • Installation de la base vie du chantier
  • Défrichement de la végétation sur les digues et sur les bancs
  • Premières protections des pieds de berge des digues et premiers arasements de bancs
  • Confortement de la digue du lotissement du Moulin
  • Début du confortement des piles du pont Napoléon et chantiers connexes
  • Dispositif anti-refoulement sur le canal du Tolentin

Travaux de confortement des piles du pont Napoléon

 

en 2014

  • Suppression du seuil Tardy
  • Suite des arasements de bancs
  • Confortement des digues de Vizille et de Jouchy
  • Réalisation des annexes hydrauliques de l’Île Falcon et suppression de l’ancienne digue

Travaux de confortement des digues de Jouchy

 

en 2015

  • Confortement de la digue de Champ-sur-Drac
  • Réalisation des banquettes de Champ-sur-Drac
  • Réalisation d’une passe à poissons au ruisseau de la Touche
  • Déversoirs de sécurité. En rive gauche : à l’amont et à l’aval du lotissement du Moulin, et à Jouchy ; en rive droite, au niveau du canal du Tolentin et à Péage de Vizille
  • Confortement de la digue du hameau du pont
  • Au bas des Ruines de Séchilienne : aménagement du chenal de décharge des Ruines de Séchilienne, réouverture du bras de Séchilienne
  • Aménagements paysagers et de loisirs : engazonnement des digues, plantations, création de pistes en crête de digue, réalisation de 2 accès kayak : 1 en rive gauche à Saint-Barthélémy de Séchilienne et l’autre en rive droite à Péage de Vizille, réalisation des haltes bleues et terrasses-observatoires avec mobilier de bois et de pierre, sculptures de bois.

Travaux de la passe à poissons du ruisseau de la Touche

 

en 2016

  • Finalisation des aménagements paysagers sur les digues
  • Aménagement du sentier pédestre de Livet-et-Gavet
  • Réalisation de la passerelle himalayenne au hameau des Roberts

 

Travaux de réalisation de la passerelle himalayenne des gorges de Livet et Gavet

 

Carte des principales réalisations du projet Romanche Séchilienne entre 2013 et 2016 Crédits image : J. Valentin

 

Découvrez l’ensemble de ces différents chantiers en images, et même en vidéos !

 

A noter

2 sujets ont fait l’objet de travaux particuliers, avec le développement de procédés techniques innovants :

  • Les travaux de confortement des pieds de digues le long des champs captants en eau potable de Jouchy et Pré-Grivel (dont la ressource fait l’objet d’un mode d’exploitation extraordinaire, sans désinfection ni filtration), où la pose des enrochements s’est accompagnée d’un remplissage des vides au moyen d’un mélange fin de sables et graviers, permettant de reconstituer de manière pratiquement immédiate les qualités de filtration initiales du fond du lit.
  • Le traitement de la Renouée du Japon par le biais d’une filière 100% durable développée par la Compagnie Nationale du Rhône (CNR), où les matériaux issus du terrassement (mélange terre+graves+rhizomes) sur des zones polluées par cette plante invasive ont été criblés et concassés très finement, avec des produits en fin de process intégralement réutilisés, sous forme de terre végétale et de sable inerte (il n’y a donc aucun « déchet »).

Atelier de traitement de la Renouée du Japon sur le chantier Romanche Séchilienne – Crédits : SO Dupont Renoux

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